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La Ravoire - Sanatorium
tuberculose
23 décembre 2016

Se rappeler des Noëls de là bas

A la Ravoire toutes les générations qui ont passé Noël enfermées dans cette maladie ont eu droit à une fête de Noël que tout le monde préparait à l'avance. Nous avions aussi la célèbre fête de Toto, le jour de l'anniversaire du Docteur Vaquette, mais aussi cette fête au delà des religions.

Nous préparions des spectacles, des danses et des chants des différents pays représentés parmi nous. Nous avions le droit à un repas de fête et nous avions un cadeau .. moi j'ai eu un réveil que j'ai toujours et que je regarde parfois pour me souvenir des magnifiques moments passés à la Ravoire. 

REVEIL RAVOIRE

Le Noël 72, nous avions fait des étoiles en papier de différentes couleurs, des fleurs en crépon, et nous avions décorer un grand sapin dans la salle de cinéma.

Les spectacles avaient tous lieu dans cette grande salle, avec ses fauteuils comme au cinéma, et son piano où j'ai fait mes premières gammes en répétant inlassablement un morceau de Bach >.>. c'est d'ailleurs tout ce que j'ai gardé de ces cours improvisés.

Nous étions tous fébriles en attendant cette fête qui nous réunissait tous ensemble et qui nous faisait oublier que nos familles n'étaient pas là. Bien sûr certains parents pouvaient envoyer des cadeaux et des chocolats mais malheureusement pour moi à part une ou deux cartes de ma famille et un peu d'argent c'est tout ce que j'ai eu ..  

Mais ma famille de la Ravoire a comblé ce vide. Et comme nous tous nous avons été gâtés et encore plus choyés. Les infirmières et tout le personnel ont remplacé nos parents et nos familles et nos chants et nos danses nous ont fait oublié pour une nuit que nous étions malades. 

Aucun de nous n'avait le cafard et aucun de nous a souhaité être ailleurs ce jour là. Nous étions heureux et nous avons laissé de côté l'épée de Damoclès que nous portions en permanence. 

Pour une fois, nous étions des enfants comme les autres, fêtant Noël comme tous les enfants, entourés d'une famille aimante.

Je me souviens de ce Noël là parce que cette joie et ce partage je ne pense pas l'avoir connu ailleurs. 

Comment croire que nous pouvions être heureux alors que nous étions séparés de nos familles ? que nous étions tous malades d'une sale maladie qui pouvait encore nous faire du mal ? Tout simplement parce que le personnel soignant et autre de la Ravoire nous donnaient un amour sincère et que c'est aussi cet amour et cette dévotion qui nous ont fait gagner la bataille de la maladie

 

JOYEUX NOËL A VOUS TOUS 

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26 novembre 2016

1974 - La tuberculose tue encore

Mon père est mort cet année là de la tuberculose. Multirécidiviste il devait pourtant s'en sortir. L'opération de la dernière chance devait mettre KO cette horreur, mais la veille de son opération son corps n'a pas supporté tant d'années de maladie, tant d'années de souffrances, tant d'années loin de sa famille et il est parti

Cette horreur a eu raison de son courage et de sa volonté de guérir.

Combien de "guérisons" pour replonger à nouveau dans l'enfer de la séparation avec sa famille

Combien de sanatoriums miraculeux qui n'ont fait que retarder la fin ?

Mon papa est parti, victime silencieuse de cette maladie honteuse pour certains.

Nous n'étions pas riches, mais nous n'étions pas pauvres. Mon père a rencontré cette horreur alors qu'il était gendarme en Algérie suite à des blessures par armes dans l'exercice de sa fonction.

Il a lutté durant 17 ans contre elle. Il a accepté tous les traitements et opérations qui auraient du le guérir, mais il n'est pas sorti vainqueur de ce combat inégal.

Combien de papas, de mamans, de grand-frères et soeurs ont eux aussi perdus cette bataille ? Moi j'ai réussi mais j'aurais aussi pu perdre 

Cette maladie revient encore et encore et toujours avec à la base la précarité des gens et des personnes. Mais ce n'est pas parce que les gens sont pauvres ou insalubres qu'ils peuvent être malades. Elle s'attaque à nous tous et il est dangeureux d'oublier son existence encore et toujours.

Mon papa est mort alors que l'on commençait à fermer les sanatoriums. Mon papa est mort de la tuberculose

Papa tout seul

1 septembre 2016

Sentiments

Si je ne suis pas arrivée à écrire tout ce que j’ai ressenti lors de notre périple à la Ravoire c’est, je crois, parce que je voulais conserver encore et encore tous les sentiments opposés et différents que j’ai pu ressentir ..

J’ai voulu conserver pour moi les mots

Tout a débuté dans « la joie et la bonne humeur » des retrouvailles et des découvertes des autres. Revoir Brigitte après 43 ans, 1 mois et demi après notre séparation a été merveilleux – magnifique – stupéfiant et aussi magique. Elle a partagé avec moi cette histoire et tout ce temps après nous étions à nouveau ensemble pour partager tout cela.

 

43 ans 1 mois et 20 jours plus tard exactement !

 

J’ai revu Didier et Josiane. Ils m’ont toujours soutenu dans mes actions et si j’ai continué à écrire c’est grâce à leur soutien et leur gentillesse. Josiane est une belle personne, gentille et à l’écoute des autres. Didier est mon moteur, lui aussi très gentil et surtout disponible. C’est peut être celui qui a été le plus marqué par son passage à la Ravoire, et il reste notre banque de données, car il rassemble tout ce qu’il peut trouver sur notre histoire commune.

Il a rassemblé toute une collection de cartes postales, d’articles de journaux, et toutes nos photos personnelles que nous mettons sur le net.

Ce sont vraiment des gens formidables et je suis fière d’être leur amie.

Et puis les autres que j’ai connu grâce au miracle d’internet, grâce à notre page Facebook qui nous rassemble.

Marie Claude qui nous a décidé à organiser cette expédition à la va-vite, c’est à elle que revient tout le mérite de cette aventure. Eliane, dynamique et souriante, Pascalou notre motard tellement sympathique, Mirielle et tous nos conjoints qui ont stoïquement partagés nos souvenirs « d’anciens combattants » ..

Je ne pouvais pas oublier Perrine et sa caméra qui a fixé sur film ce voyage inoubliable, et Mauricette qui a pris le temps de m’expliquer le traumatisme des gens de Passy après la catastrophe du Roc des Fiz. Il faisait très chaud et malgré tout nous sommes allés nous recueillir sur cette (petite) stèle qui rappelle aux passants que des enfants et des adultes sont morts dans la nuit du 16 avril 1970. Ces morts restent nos compagnons et nos amis à travers le temps et nos histoires. Nous ne les oublierons jamais.

Revoir Madame Scopel et Madame Fivel. Elle restent nos infirmières, nos anges gardiens qui ont pris soin de nous à travers les générations d'enfants et d'adolescents malades. 

Comment raconter ces deux jours de folie où nous avons vécu toute la palette de sentiments en même temps ? La joie de nous retrouver – l’euphorie de nos histoires communes – la découverte des autres et enfin la peine et la colère de voir notre Ravoire si fragile

Cet endroit a été notre rocher où nous avons accrochés une partie de notre adolescence pour nous sauver d’une horrible maladie. Il nous a donné la force de guérir. Il était tellement rassurant et plein de vie. Et maintenant ce n’est plus qu’une bâtisse vouée à la désolation et la destruction ..

Comment pouvais je écrire tout cela tout de suite après les avoir vécu ? 

 

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21 août 2016

Le tout dernier voyage à la Ravoire

Il m’a fallu une bonne semaine pour enfin pouvoir exprimer ce que j’ai ressenti en voyant pour la dernière fois la Ravoire. J’ai écris, détruis, ré-écris encore et encore, mais je n’arrivais pas à faire sortir de mes doigts tous les sentiments mélangés que j’ai ressenti la semaine dernière.

Quand nous sommes rentrés dans le parc de la Ravoire, nous étions tous excités et impatients de revoir nos chambres et visiter encore ce bâtiment.

Mais l’abandon de cet endroit qui a tant compté pour nous a été un choc violent.

Les murs tagués de croix gammées, les lavabos détruits et salis, des inscriptions douteuses sur les murs ont violé cet endroit si chers pour nous tous.

L’émotion et la colère de voir ce bâtiment qui a protégé tant de génération d’enfants nous ont submergés.

C’était violent et horrible.

Comment cette bâtisse si merveilleuse a pu devenir un squat détruit par la bêtise de jeunes à la dérive ?  

Comment ont-ils pu faire ces horreurs ?

Nous avons essayé de retrouver nos chambres, nos terrasses, nos balcons, mais tout ce qu’il restait de notre passage et de notre maladie, ce n’était plus que destruction et saccages !

Seul la majesté de la vue du Mont Blanc était là pour raviver nos souvenirs et en le regardant encore une fois de nos balcons je suis sûre qu’à cet instant tous mes camarades présents sont retournés dans le passé et ont entendus nos rires et nos chamailleries de ces très longues « Cure de Silence »

Je n’ai pas pu visiter tout ce que j’aurais voulu revoir, car la Ravoire me disait de partir, de fuir ce qu’elle était devenue. Je sentais que ma chambre avait honte d’être devenu un dépotoir, que ces escaliers qui ont été si importants pour moi tout au long de mon séjour devenaient hostiles.

Il fallait que je sorte de là. Je ne pouvais pas graver ces images d’horreur dans ma mémoire. Je devais conserver ma Ravoire de mes souvenirs, et pas ce qu’elle était devenue ..

Ma Ravoire, notre Ravoire n’est plus là pour nous rassurer et nous réconforter. Il faut que nous la laissions partir, se faire détruire. Il n’y a plus d’autres solutions.

Le bâtiment ne veut plus vivre ses souffrances, ces destructions, cet irrespect des lieux et de notre histoire. Il n’y a plus de rires et de larmes dans ses couloirs pour la faire vibrer d’amour.

Plus personne pour courir dans ses couloirs, se disputer. Plus personne pour faire la queue au Médical pour prendre des médicaments. Plus personne au cinéma pour célébrer la fête à Toto. Plus personne pour aller en classe, et plus personne pour prendre soin de ce lieu chargé de toutes nos histoires.

La Ravoire va disparaitre, et avec elle une partie de notre adolescence. Elle n’existera plus que dans nos mémoires et dans nos souvenirs. Nous avons tous fermé la boucle de notre maladie, mais tous nous nous souviendrons de tous ce que cet endroit nous a apportés.

Très certainement sans la Ravoire nous aurions eu une destinée autre, épargnés par la maladie et la séparation et nous serions devenus d’autres personnes, mais nous avons été malades et hospitalisés dans un endroit qui restera à jamais dans notre histoire commune.

La Ravoire peut disparaitre maintenant, nous lui avons fait nos adieux et nous l’avons remercié pour tout ce qu’elle nous a apporté. 

 

ARTICLE RAVOIRE

4 août 2016

Encore 8 jours ...

ARTICLE

 

 

Maintenant cela devient de plus en plus sérieux et j'espère que tout se passera bien .. 

Il me tarde de revoir les anciens et j'appréhende aussi ..

On verra bien

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14 juillet 2016

Les vacances sont finies

Et voilà c'est reparti pour quelques mois à bosser en pensant aux nouvelles vacances ..

J'ai profité du soleil du Sud pendant plus d'un mois et là faut repartir au travail dès demain

Vacances n'a pas voulu dire repos car juste avant mon départ, avec le groupe Facebook de la Ravoire nous avons décidé de nous retrouver les 13 et 14 Août pour dire défibnitivement aurevoir à la Ravoire qui devrait être détruite dès début Septembre

Nous avons décidé d'en faire un évènement et de demander aux Roc des Fiz et à Martel de Janville de participer à ce souvenir commun ..

J'ai contacté la Mairie et le Daphiné Libéré et en principe tout devrait être avec l'accord de la Mairie de Passy et avec la pub du journal local

2 adjoints seront présents et nous pourrons nous promener une dernière fois dans la Ravoire ..

Et après ce sera fini 

L'école vue d'en haut

26 mai 2016

L'heure des vacances

Et oui il est temps de penser aux vacances ..

Comme vous tous je vais prendre du bon temps et je vais aller chauffer mes vieux os au soleil de mon Sud à moi ..

Ne vous inquietez pas si je ne publie rien .. je reviendrais bientôt

 

Bisous à vous tous

 

 

 

 

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26 mai 2016

Toutes les années recherchent des anciens

Nous sommes un groupe sur Facebook représentant pratiquement toutes les années de la Ravoire et toutes ces personnes recherchent des anciens ayant vécu à la même période là bas

C'est vraiment sympa de se retrouver et de partager quelques souvenirs 

Alors si vous passez par ce blog et si vous voulez nous contacter, vous ferez des heureux .. 

PHOTO RAVOIRE PASCAL

20 mai 2016

Une personne m'a demandé ..

Une personne de mon entourage m’a demandé pourquoi je m’étais mise à écrire sur mon passé de tuberculeuse ? Pourquoi j’avais ce besoin d’étaler mon passé de malade et pourquoi je tenais tant à retrouver ceux et celles qui avaient partagé mon histoire.

C’est vrai pourquoi ?

Parce que je suis arrivée à un âge où le passé est encore plus une attache du présent. Parce que je me rends compte que la femme que je suis devenue a été aussi forgé avec ce passé. Parce que je me rends compte aussi au fil des retrouvailles que je n’étais pas seule à vivre cette aventure.

Combien d’enfants qui ont ma tranche d’âge ont connu une Ravoire ? Ce n’était pas le seul sanatorium pour enfants ? Combien d’adultes et presque de séniors actuellement ont un jour du quitter leur famille pour se faire soigner de cette maladie dont les chances de survie restaient minces ? On mourrait encore de la tuberculose en 72, et même si la plupart des sanatoriums ont fermés leurs portes entre 73 et 76, des malades ont continué à mourir, à se faire opérer pour survivre, à suivre des traitement très lourds, à ne pas pouvoir vivre tout simplement comme les autres

A l’époque de mes 14 ans, la plupart des pré-adolescents vivaient chez papa-maman, plus ou moins bien, plus ou moins heureux en famille, mais ils se construisaient dans un entourage propice et régulier. Une famille, des amis, une école, et avec tous les tracas des enfants de cet âge là. Ils détestaient très certainement leur parents, qu’ils accusaient de ne pas les comprendre, et voulaient grandir au plus vite pour faire leur vie, dans les traces de leur famille.

Moi je n’ai pas eu cela. A cet âge ingrat des boutons d’acnés ou des projets d’avenir les plus fous, j’ai attrapé une maladie. J’ai quitté ma famille, et je n’ai pas connu cette période délicate qui nous plonge dans le monde des adultes.

Moi c’est Mémère qui m’a aidé à devenir grande, ce sont toutes les personnes qui m’entouraient à la Ravoire qui ont fait de moi ce que je suis.

Même le Curé qui nous chantait du Véronique Sanson tout le temps. Même Madame Michaud qui se planquait derrière ses mouchoirs si nous avions le malheur de tousser en sa présence. Et surtout le Docteur Vaquette, l’éternel play boy qui nous considérait comme ses enfants. Il a toujours été d’une grande tendresse envers nous tous, et il prenait toujours le temps de nous expliquer l’évolution de notre maladie.

Finalement cette période délicate, j’ai eu la chance de la vivre comme si j’étais en colonie de vacances, si on fait abstraction des piqures, tubages et autres tortures liés à notre situation.

L’école oui mais pas trop ..

Nous vivions tous ensemble, nous étions dans le même bateau, avec les mêmes préoccupations et les mêmes problèmes.

J’ai eu la chance de vivre tout cela, car au final cette maladie a été bénéfique pour moi, je ne suis pas morte, je n’ai pas fait subir à mon entourage le passage enfant-ado, et j’ai eu la chance de connaitre de belles personnes.

Voilà pourquoi j’écris. Pour que reste un petit peu de cette adolescence pas comme les autres, et pour qu’à travers mon histoire continue à vivre l’histoire des milliers d’enfants qui ont connu la maladie et qui en sont sortis plus grands. 

 

Le parc toujours aussi beau

16 mai 2016

Par moments ...

J'ai l'impression d'avoir tout dit sur mon passage à la Ravoire et sur ma maladie

Par moments c'est l'inverse .. j'ai l'impression de ne pas en avoir assez parlé surtout dans ce monde où l'égoïsme est devenu religion 

Par moments je me dis aussi que je centralise tout et que de ce fait je pense avoir toutes les réponses à toutes les questions et par moments .. c'est l'inverse !

Parler de sa maladie aussi lointaine sans penser à tous ceux qui vivent une maladie quelconque, n'est ce pas de l'égoïsme et du nombrilisme ? 

En fait dans ce blog ce n'est pas de ma maladie que je voudrais parler mais du dévouement de Mémère et de sa gentilesse et à travers elle, je voudrais mettre en avant toutes ces infirmières et tous ces médecins qui se dévouent entièrement à leurs malades, car si nous avons tous guéri et que nous avons tous pu reprendre le fil de notre vie .. avoir des enfants et maintenant des petits enfants, c'est grâce à eux aussi

Mémère nous a aidé à traverser au mieux cette épreuve, et je voudrais remercier toutes les Mémères du monde en parlant de tout ce que la nôtre a fait pour nous.

Parler de Mémère c'est dire haut et fort que des personnes se dévouent pour les autres

Par moments j'espère du fond du coeur que ce blog aidera quelqu'un à comprendre que ces hommes et ces femmes sont des trésors que la vie a mis sur notre route

Mémère 1982

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