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La Ravoire - Sanatorium
21 août 2016

Le tout dernier voyage à la Ravoire

Il m’a fallu une bonne semaine pour enfin pouvoir exprimer ce que j’ai ressenti en voyant pour la dernière fois la Ravoire. J’ai écris, détruis, ré-écris encore et encore, mais je n’arrivais pas à faire sortir de mes doigts tous les sentiments mélangés que j’ai ressenti la semaine dernière.

Quand nous sommes rentrés dans le parc de la Ravoire, nous étions tous excités et impatients de revoir nos chambres et visiter encore ce bâtiment.

Mais l’abandon de cet endroit qui a tant compté pour nous a été un choc violent.

Les murs tagués de croix gammées, les lavabos détruits et salis, des inscriptions douteuses sur les murs ont violé cet endroit si chers pour nous tous.

L’émotion et la colère de voir ce bâtiment qui a protégé tant de génération d’enfants nous ont submergés.

C’était violent et horrible.

Comment cette bâtisse si merveilleuse a pu devenir un squat détruit par la bêtise de jeunes à la dérive ?  

Comment ont-ils pu faire ces horreurs ?

Nous avons essayé de retrouver nos chambres, nos terrasses, nos balcons, mais tout ce qu’il restait de notre passage et de notre maladie, ce n’était plus que destruction et saccages !

Seul la majesté de la vue du Mont Blanc était là pour raviver nos souvenirs et en le regardant encore une fois de nos balcons je suis sûre qu’à cet instant tous mes camarades présents sont retournés dans le passé et ont entendus nos rires et nos chamailleries de ces très longues « Cure de Silence »

Je n’ai pas pu visiter tout ce que j’aurais voulu revoir, car la Ravoire me disait de partir, de fuir ce qu’elle était devenue. Je sentais que ma chambre avait honte d’être devenu un dépotoir, que ces escaliers qui ont été si importants pour moi tout au long de mon séjour devenaient hostiles.

Il fallait que je sorte de là. Je ne pouvais pas graver ces images d’horreur dans ma mémoire. Je devais conserver ma Ravoire de mes souvenirs, et pas ce qu’elle était devenue ..

Ma Ravoire, notre Ravoire n’est plus là pour nous rassurer et nous réconforter. Il faut que nous la laissions partir, se faire détruire. Il n’y a plus d’autres solutions.

Le bâtiment ne veut plus vivre ses souffrances, ces destructions, cet irrespect des lieux et de notre histoire. Il n’y a plus de rires et de larmes dans ses couloirs pour la faire vibrer d’amour.

Plus personne pour courir dans ses couloirs, se disputer. Plus personne pour faire la queue au Médical pour prendre des médicaments. Plus personne au cinéma pour célébrer la fête à Toto. Plus personne pour aller en classe, et plus personne pour prendre soin de ce lieu chargé de toutes nos histoires.

La Ravoire va disparaitre, et avec elle une partie de notre adolescence. Elle n’existera plus que dans nos mémoires et dans nos souvenirs. Nous avons tous fermé la boucle de notre maladie, mais tous nous nous souviendrons de tous ce que cet endroit nous a apportés.

Très certainement sans la Ravoire nous aurions eu une destinée autre, épargnés par la maladie et la séparation et nous serions devenus d’autres personnes, mais nous avons été malades et hospitalisés dans un endroit qui restera à jamais dans notre histoire commune.

La Ravoire peut disparaitre maintenant, nous lui avons fait nos adieux et nous l’avons remercié pour tout ce qu’elle nous a apporté. 

 

ARTICLE RAVOIRE

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