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La Ravoire - Sanatorium
20 mai 2016

Une personne m'a demandé ..

Une personne de mon entourage m’a demandé pourquoi je m’étais mise à écrire sur mon passé de tuberculeuse ? Pourquoi j’avais ce besoin d’étaler mon passé de malade et pourquoi je tenais tant à retrouver ceux et celles qui avaient partagé mon histoire.

C’est vrai pourquoi ?

Parce que je suis arrivée à un âge où le passé est encore plus une attache du présent. Parce que je me rends compte que la femme que je suis devenue a été aussi forgé avec ce passé. Parce que je me rends compte aussi au fil des retrouvailles que je n’étais pas seule à vivre cette aventure.

Combien d’enfants qui ont ma tranche d’âge ont connu une Ravoire ? Ce n’était pas le seul sanatorium pour enfants ? Combien d’adultes et presque de séniors actuellement ont un jour du quitter leur famille pour se faire soigner de cette maladie dont les chances de survie restaient minces ? On mourrait encore de la tuberculose en 72, et même si la plupart des sanatoriums ont fermés leurs portes entre 73 et 76, des malades ont continué à mourir, à se faire opérer pour survivre, à suivre des traitement très lourds, à ne pas pouvoir vivre tout simplement comme les autres

A l’époque de mes 14 ans, la plupart des pré-adolescents vivaient chez papa-maman, plus ou moins bien, plus ou moins heureux en famille, mais ils se construisaient dans un entourage propice et régulier. Une famille, des amis, une école, et avec tous les tracas des enfants de cet âge là. Ils détestaient très certainement leur parents, qu’ils accusaient de ne pas les comprendre, et voulaient grandir au plus vite pour faire leur vie, dans les traces de leur famille.

Moi je n’ai pas eu cela. A cet âge ingrat des boutons d’acnés ou des projets d’avenir les plus fous, j’ai attrapé une maladie. J’ai quitté ma famille, et je n’ai pas connu cette période délicate qui nous plonge dans le monde des adultes.

Moi c’est Mémère qui m’a aidé à devenir grande, ce sont toutes les personnes qui m’entouraient à la Ravoire qui ont fait de moi ce que je suis.

Même le Curé qui nous chantait du Véronique Sanson tout le temps. Même Madame Michaud qui se planquait derrière ses mouchoirs si nous avions le malheur de tousser en sa présence. Et surtout le Docteur Vaquette, l’éternel play boy qui nous considérait comme ses enfants. Il a toujours été d’une grande tendresse envers nous tous, et il prenait toujours le temps de nous expliquer l’évolution de notre maladie.

Finalement cette période délicate, j’ai eu la chance de la vivre comme si j’étais en colonie de vacances, si on fait abstraction des piqures, tubages et autres tortures liés à notre situation.

L’école oui mais pas trop ..

Nous vivions tous ensemble, nous étions dans le même bateau, avec les mêmes préoccupations et les mêmes problèmes.

J’ai eu la chance de vivre tout cela, car au final cette maladie a été bénéfique pour moi, je ne suis pas morte, je n’ai pas fait subir à mon entourage le passage enfant-ado, et j’ai eu la chance de connaitre de belles personnes.

Voilà pourquoi j’écris. Pour que reste un petit peu de cette adolescence pas comme les autres, et pour qu’à travers mon histoire continue à vivre l’histoire des milliers d’enfants qui ont connu la maladie et qui en sont sortis plus grands. 

 

Le parc toujours aussi beau

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