Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Ravoire - Sanatorium
15 novembre 2017

C'est toute mon histoire qui est partie

LA RAVOIRE PANO

Toute une partie de l'histoire de ma vie .. de la vie de toutes celles et ceux qui ont du vivre à la Ravoire .. qui part en poussières ...

Nos souvenirs maintenant ne sont plus que gravas .. débris 

La Ravoire n'est plus. Les premiers coups de la destruction ont fait leur preuve et ils détruisent non seulement un bâtiment mais toutes nos histoires .. tous nos souvenirs.

Je savais que ce moment arriverait depuis très longtemps mais j'ai espéré un miracle ou quelques problèmes qui retarderait ce moment douloureux.

mais voilà il n'y a pas eu de miracle .. et les engins ont détruits tous mes espoirs et tous les espoirs de toutes celles et ceux qui ont vécu la même histoire que moi, qui ont partagé mon passé.

Je me sens triste, comme orpheline, comme si une partie de moi était définitivement partie à jamais.

Je garde en tête mes souvenirs, mes ami(e)s que j'ai retrouvé mais de savoir que cet endroit n'existera plus est vraiment pénible.

Je l'ai souvent écrit ici, cet endroit avait la mémoire de nos pleurs et de nos rires, de notre tristesse d'être séparé de nos familles, puis d'être arraché à cet endroit et de perdre à nouveau la possibilité de vivre encore là bas.

De mon école, il ne reste maintenant plus rien. De ma chambre, du réfectoire, des escaliers qui étaient là pour me consoler quand tout allait mal pour moi, il ne reste que de la poussière, des débris, des gravas.

Chaque coup de pioche détruit un peu plus les souvenirs de tant d'enfants.

Je n'avais pas demandé d'être malade, je n'avais pas demandé d'être hospitalisée durant 1 ans et demi. Je n'avais pas demandé d'être envoyé loin de ma famille à l'âge où l'on en a le plus besoin. Je n'avais rien demandé de tout cela, et pourtant je remercie ma bonne étoile de m'avoir envoyé à la Ravoire. Il est presque impossible de raconter mon ressenti envers cet endroit qui n'existe plus.

J'ai pleuré, j'ai eu peur, mais cet endroit m'a aidé à me construire, à être devenue la personne que je suis maintenant. J'ai détesté cet endroit, et puis j'ai appris à l'aimer, et maintenant il n'est plus que poussière ...

Comment dire tout ce que je ressens ? comment raconter par des mots tout ce que j'ai ressenti d'avoir été envouyé en sanatorium. comment faire comprendre que malgré tout j'y étais heureuse ?

La maladie m'a forgé. Elle m'a aidé à grandir un peu plus vite, mais j'ai toujours eu peur à chaque instant de ma vie de tout perdre en un instant, d'être encore une fois abandonnée. 

Il me reste mes souvenirs. Des souvenirs que je ne peux pas partager. Je peux les dire, et même les écrire, mais les partager impossible, car ils sont à jamais les miens.

Qui se souviendra que la tuberculose était une maladie grave et contagieuse qui touchait aussi bien les enfants que les adultes ? qui pourra se souvenir que pour guérir il fallait se séparer des gens que l'on aimait ?

Qui saura  que la séparation de ma famille a été aussi dure que la séparation des mes ami(e)s de la Ravoire ? Comment expliquer qu'après 1 an et demi passé là bas je ne voulais plus repartir ? j'aurais voulu rester.

Voilà un chapitre de ma vie se ferme. Je sais que mes souvenirs ne seront pas poussière. Ils sont en moi et je les partage avec tout ceux que j'ai retouvé et qui maintenant font partie de ma vie présente.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
B
Bsr , et oui comme tout , tout s'en va sniff ....
Répondre
F
Pour moi aussi, c'est une part de ma vie qui disparaît avec les débris de La Ravoire... A ceci près qu'étant né en 1983, je n'ai pas connu le site en tant que sanatorium, mais en tant que colo de vacances de la SNCF. La première fois, c'était il y a 21 ans, je me rappelle encore les dates : du 2 au 22 juillet 1997. J'avais 14 ans et commençais tout juste à aimer partir en colo ! Ce premier séjour à Passy fut un éblouissement pour la bande de copains que nous étions, au point qu'un an jour pour jour après, du 2 au 22 juillet 1998, beaucoup d'entre nous sont revenus à La Ravoire pour un deuxième séjour encore plus fou que le premier... Deux ans plus tard, en août 2000, je suis repassé pour un court séjour de 24 heures, le temps de revoir quelques têtes connues parmi le personnel et les copains qui étaient encore là : c'est la dernière fois que j'ai vu le site en vie... En 2004, je suis revenu avec Béatrice, une copine que j'avais rencontrée à La Ravoire en 1997. Nous étions accompagnés par Claire, Jérôme et Stéphane, à qui nous souhaitions faire découvrir cette fameuse colo dont nous ne cessions de parler sans arrêt ! Cette fois, nous avons vu notre colo abandonnée et tombant en ruines : Béatrice et moi en avions les larmes aux yeux, mais nos trois amis ne pouvaient pas le comprendre : ils voyaient La Ravoire pour la première fois, et sans doute aussi la dernière... Je pense que les bâtiments étaient en fait à peine plus délabrés que 6 ans plus tôt : mais à l'époque de nos vacances, nous n'y faisions pas attention, on s'y sentait si bien que nous nous fichions bien de l'état général du site !... Ce jour-là, nous sommes entrés comme des voleurs par la fenêtre donnant sur la terrasse du premier étage ; dans la chambre 17, celle que Béatrice occupait avec Mariannick et Julie en 1998 ! En sillonnant les bâtiments vides et silencieux, nous avons pu voir que l'abandon des lieux n'avait pas contribué à leur conservation, malheureusement... Une foule de souvenirs nous sautait au visage, nous croyions encore entendre nos cris, nos rires, nos cavalcades dans les couloirs et les escaliers, les nuits où nous faisions le mur pour aller nous retrouver sur les immenses balcons, etc. Avant de partir, nous avons descellé et emporté en souvenir pour Béatrice, la plaque de la porte de son ancienne chambre : un petit sapin marqué du nombre 17, qu'elle a emporté chez elle et collé sur sa porte de chambre. Peut-être que ce petit vestige de notre bien-aimée La Ravoire, si minime soit-il, existe encore quelque part si Béa l'a conservé depuis 2004 ?... Entretemps, nos chemins se sont séparés. Il y a quelques mois enfin, j'ai appris que la démolition des bâtiments était programmée pour bientôt. Et même en étant prévenu, j'ai vu les images de la destruction avec une stupéfaction douloureuse... Je m'associe donc bien volontiers aux anciens de La Ravoire, qui ont connu l'endroit du temps où le sanatorium fonctionnait encore ; et j'adresse une pensée pleine de souvenirs, 20 ans plus tard, à mes camarades de la colo. Béa, Nicky, Julie, Gaëlle, Leïla, Rachel, Mélanie, Cécile, Amandine, Lucille, Aurélie, Aurore, Djamel, Manu, Yannick, Raphaël, Yoann, Xavier, Christian, Solange, et tous les autres... Par-delà le temps, je me souviens encore de vous tous et vous adresse mon meilleur souvenir. La Ravoire, dans nos cœurs désormais...
Répondre
Publicité
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 13 810
Albums Photos
Archives
Newsletter
Publicité