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La Ravoire - Sanatorium
26 novembre 2016

La Ravoire se meurt et nous ne pouvons plus rien y faire

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Depuis le mois d'Août, il m’a été vraiment difficile d’écrire tout ce que je pouvais ressentir après notre ultime voyage à la Ravoire.

Voir cet endroit que j’aime tant dans cet état de délabrement a été dur à vivre et surtout à encaisser.

Comment continuer à écrire sur la splendeur passée alors que dans quelques temps cet endroit ne sera plus que vivant dans mon cœur et dans celui de tous ceux qui sont passés là bas ?

Comment décrire encore ce que nous avons vécu alors qu’il ne reste que l’agonie de notre passé ?

Je sais que je n’ai pas eu une destinée romantique ou celle que je rêvais étant enfant, mais j’ai vécu des moments d’une intensité hors du commun qui ont fait de moi ce que je suis maintenant.

J’ai écris ce que j’ai pu ressentir en arrivant, et ce que j’ai ressenti en partant de cet endroit, mais les mots n’ont pas été assez forts ou je n’ai pas su décrire ce que j’ai vécu vraiment.

Une adolescence de 14 ans qui apprends qu’elle a une maladie grave, qu’elle peut en mourir, se retrouver dans cet endroit qui va la séparer de sa famille !

Et puis peu à peu, cet endroit que je détestais à mon arrivée, est devenu ma protection, mon avenir, car c’est que la Ravoire m’a offert, MON AVENIR, comme elle a offert l’avenir de tous les adolescents et enfants qui sont allés là bas.

Nous étions malades, nous étions séparés de nos familles, nous étions sous traitements lourds et nous avions des examens médicaux horribles à vivre, et pourtant nous finissions par être heureux de vivre là bas.

La Ravoire nous a protégé des autres, de tous ceux qui avaient peur de nous approcher, elle nous a protégés en nous permettant de reprendre le cours de notre vie, changé à jamais par cet expérience pleine de contrastes dans nos sentiments.

Elle nous a permis de nous rencontrer, générations après générations, de nous fabriquer des souvenirs de pleurs, de rires, de joie et de découragements.

Cet endroit bien sûr, mais aussi toutes les personnes qui travaillaient à notre bien être. Maimaire en tête, mais aussi toutes nos infirmières, et toutes les personnes qui se préoccupaient de nous et de notre santé. Le Docteur Vaquette qui a été la figure paternelle durant notre séjour, sa façon de nous rassurer quand rien n’allait et quand le désespoir et le chagrin nous rendaient agressifs ou même méchants.

La maladie était une injustice, et nous avions tous des périodes où il fallait que l’on évacue cette situation.

Maintenant l’injustice est de voir cet endroit si cher à mon cœur mourir dans l’indifférence totale.

Qui se soucie encore de ces générations de malades, grands et petits qui devaient vivre séparés de leur famille ? qui se soucie encore des angoisses que nous avons pu tous ressentir face à la mort probable ? qui peut imaginer ce que nous avons pu ressentir comme injuste cette partie de notre vie ?

Qui se soucie de nos histoires ?

Nous avons souffert dans nos corps à cause de la gravité de cette maladie, et nous avons guéri

Et maintenant, il nous reste à vivre la fin de vie de cet endroit qui nous a protégés, impuissants devant ce désastre.

Maintenant j’ai retrouvé des ami(e)s avec qui partager mes souvenirs. J’ai retrouvé ma Brigitte qui a partagé avec moi mon passage à la Ravoire, mais combien d’autres je n’ai pas pu retrouver ? Sylvie et Sylvie, Bernardino, Hachour, Marie Claire, Katie qui est partie rejoindre les anges depuis longtemps maintenant, Claudine, Albert, Yannick, Jean et tous les autres que je ne retrouverais jamais.

La Ravoire se meurt certes, mais rien ni personne ne pourra me faire oublier cet endroit, ce que j’y ai vécu. Rien ne pourra faire disparaitre la majesté du parc, l’école et ces bâtiments que j’ai appris à aimer durant mon bref passage là bas.

Les bâtiments peuvent disparaitre mais j’ai avec moi le souvenir de tout le temps que j’ai passé là bas.

Je continuerais à écrire et à décrire ma vie protégée de cette maladie, et ce sera le plus bel hommage que je pourrais rendre à mon passé certes, mais aussi rendre hommage à toutes les personnes, infirmières, médecin, aides en toutes sortes qui m’ont aidé à gagner ma vie sur cette maladie 

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