Je viens de te laisser entrer sur la page privée de facebook que nous avons avec les Anciens de La Ravoire.  Je te laisse du coup entrevoir ce que fut ma jeunesse et surtout ces quelques mois de mon adolescence qui ne fut pas la même que la tienne

Tu sais que j'ai été gravement malade, et tu connais déjà une partie de mon histoire mais maintenant tu pourras lire ce que je partage avec pleins d'autres et tu pourras comprendre pourquoi ces gens qui ne vivent pas près de nous - que parfois je ne connaitrais jamais - sont si importants pour moi

Bien sûr il y a ceux et celles qui partagent ma vie et qui me sont proches - sur facebook ou sur ce blog et même dans ma vraie vie mais il y a aussi un tas de personnes qui ne se manifestent pas mais qui ont vécu la même chose que moi - Nous avons tous en commun la même histoire

Ce n'est pas triste mais ce n'est pas joyeux - ce sont juste des souvenirs d'une adolescence pas comme les autres que je partage aujourd'hui avec toi

J'espère que cela te permettra de me connaitre un peu mieux et de savoir qui était ta maman avant ta naissance ...

A toi de lire ou pas  ....................................................................

C'était l'une des chambres les plus convoitées --- Une chambre individuelle pour moi toute seule 

Même si les chambres étaient vastes les querelles et les réconciliations entrainaient des déménagements rapides 

Mes querelles avec Brigitte ont fait de moi un pigeon voyageur des chambres et comme je n'avais rien à faire ou à écrire dans mon cahier journal, je décrivais ma chambre 

Nous avions toutes des posters dans nos chambres et mêmes des objets personnels et nous avions la possibilité de les décorer à notre manière même si les punaises étaient (soit disant) interdites 

Cette chambre individuelle m'a permis d'accepter ma "captivité" - J'avais un endroit à moi toute seule et surtout personne pour voir que je passais mes perfusions à toute vitesse 

Et si c'était bien au début d'avoir un "chez soi" la collectivité manquait rapidement. Le turnover pour cette chambre était important et j'y suis restée 3 mois 

Changer de chambre c'était facile - Une chambre se libérait et on avait juste à demander à l'avoir et du coup il n'était pas rare de voir certaines faire et défaire leurs chambres - une manière comme une autre de faire le ménage.

Car malgré tout, nos chambres devaient être faites et surtout elles devaient être ... rangées sinon nous étions punies de télé ou de promenades - consignées dans nos chambres etc ... Nous étions "inspectées" de temps en temps mais comme nous étions plus ou moins condamnées aux perfusions les inspections étaient journalières avec plus ou moins de rigueur de nos infirmières. 

Je me souviens qu'on mettait nos affaires sales dans des grands sacs avec nos draps et nos serviettes et que tout partait au lavage. 

J'ai récupéré l'étiquette de la chambre à ma dernière visite à La Ravoire .. 

Je suis en train de relire certaines pages de mes cahiers journaux de La Ravoire et je me rends compte que l'on s'ennuyait pas mal ..

Certains jours c'était juste - "Rien à signaler" - "Pas de courrier" - "J'ai reçu une lettre de maman" ...

Ma vie était rythmée par les perfusions au début - l'école ensuite le matin - les repas et parfois la télé

Mon "agenda" n'était pas surchargé et j'ai l'impression que l'on devait s'ennuyer 

Lundi 12 juin 1972

Il est 9 h 1/2 et je suis en cure - R.A.S

Lundi 31.7.72

Lettre - 1 de maman

Mis à part ce manque évident de vie sociale, les disputes entre nous comblaient et meublaient nos vies ainsi que nos histoires de coeur

Moi avec un certain Jean - Brigitte avec Albert ou Alain - Claire avec Yannick etc .. toutes les filles avec Bernardino ...

Bref l'ennui ...................................