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La Ravoire - Sanatorium
29 avril 2016

Mon cher Didier et ma chère Josiane

Sans vous ce blog n'aurait jamais continué à vivre ..

Didier tu as été l'un des premiers à débarquer sur mon blog avec Patrick et tu as aussi été l'un des premiers à m'encourager à continuer

Sans toi j'aurais arrêté sans toi je n'aurais jamais compris l'importance de tous ces souvenirs .. tu es en plus la banque de données de la Ravoire et tu centralises tout ce que l'on trouve et tout ce que l'on retrouve

Tu es la mémoire de la Ravoire et je tenais à te remercier pour cela mais aussi parce que je suis venue chez toi et j'ai passé un merveilleux week end avec tous les tiens .. un week end de rêve et d'amitié

Alors je ne cesserais pas de te remercier car tu passes ton temps libre à rechercher toutes les images de la Ravoire que ce soit des cartes postales ou des articles de presse .. tu fais un boulot pour nous tous remarquable et je ne pourrais jamais assez te remercier toi et ma Josiane ton épouse si gentille

Vous êtes des gens biens et surtout très beaux et je vous aime

Mon cadeau pour votre avenir que j'espère radieux est ce blog. Encore merci 

Un week end à Armentières

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29 avril 2016

Les amours à la Ravoire

Ah les histoires d'amour à la Ravoire .. j'aurais matière à écrire un roman 

Nous étions des enfants réunis dans une même maladie avec la même épée de Damoclès .. avec les mêmes préoccupations et nous avions du temps pour rêver d'amour et de liberté

Combien d'histoires d'amour sont nées à la Ravoire et ont continé après .. combien sont mortes après le départ de l'une ou l'autre .. 

Combien de serments d'éternité oubliés à jamais ..

Brigitte ma Brigitte et Alain se jurant l'amour éternel tous les jours .. entre deux disputes 

A l'époque nous "correspondions" ensemble .. mot magique pour dire que nous nous envoyions des petits mots d'amour en se jurant que personne ne pourrait prendre la place dans son coeur .. La Pergola était notre refuge à des smacks furtifs et à nos déceptions .. 

Nous étions dans l'innocence de notre début d'adolescents malades ..

Que de couples .. que de disputes .. que de ruptures .. que de serments éternels jamais tenus

Les couples d'un jour n'étaient plus les couples du lendemain et les rptures momentanées faisaient mal .. sur le moment pour s'oublier en "correspondant" à nouveau avec le même ou avec un autre ..

Brigitte et Alain .. quel couple !!! que de disputes et de ruptures pour un regard parfois .. combien de fois j'ai pu me battre comme des chiffonières avec ma Brigitte à cause d'Alain .. tout simplement parce que nous étions complices 

Ils se sont aimés et se sont jurés l'amour éternel et Alain est parti après la fête de Noël 72 laissant Brigitte dévastée le temps de se replonger dans une "correspondance" qui lui a fait oublier Alain qui lui a repris sa vie et n'a plus pensé à ses promesses d'amour éternel ..

Claire et Yannick .. qui ont fini par se faire virer parce qu'ils se sont retrouvés dans la salle ciné après le couvre-feu .. et toujours Brigitte et moi en éclaireurs .. malheureusement nous avions oublié que Mémère était beaucoup plus maligne que 2 gamines essayant de protéger ses amis .. 

Et Bernardino le tombeur des infirmières .. il faisait le mur la nuit pour retrouver des filles et des femmes à Passy .. il était beau Bernardino et lui aussi a pris la porte de la Ravoire parce qu'il avait poussé le bouchon un peu loin ..

Et moi .. avec Jean .. Bernardino .. avec Loïc .. Albert .. et bien d'autres .. 

Cela n'est jamais allé très loin au moins pour Brigitte et moi et nous sommes parties en toute innocence .. sauf que nous avons aussi brisés le coeur d'adolescents de Passy qui venaient nous rejoindre au plus près faisant des jalouses parmi les jeunettes du village qui finissaient par nous maudir ..

Comme quoi nous étions malades mais nous étions restés des enfants .. 

BRIGITTE ET ALAIN

 

25 avril 2016

Mon passé de tubar

Et oui j'ai eu la tuberculose !

Maintenant que je suis une "grande" je peux assumer ce qui m'est arrivé. Ma famille a tout fait pour que j'oublie l'année passée à la Ravoire. J'ai perdu le contact avec mes amies restées là bas après mon départ et il fallait surtout pas que j'en parle ..

Si je devais expliquer pourquoi ce passage en Hte Savoie entre mon sud natal et l'alsace d'après je devais dire que j'avais eu de fortes crises de rachitisme soignées par des doses massives de cortisone !!

Ce n'était qu'un demi mensonge puisqu'effectivement j'ai eu un traitement lourd à la cortisone .. mais pas pour du rachitisme .. non non .. j'étais tuberculeuse. Mes parents se sont racontés des histoires de primo-infection sous le prétexte que cela aurait minimisé la gravité de la maladie. Ils affirmaient que jamais personne ne voudra se marier avec moi et mon passé du tuberculeuse ...

Mais depuis que je suis sortie de la Ravoire et jusqu'à ce que j'arrive à assumer cette horreur j'ai du vivre dans le secret et dans la peur que tout soit dévoilé. J'ai du mentir à toutes les personnes que j'ai connu durant cette période. Même à des gens qui ont compté pour moi

Ce n'est que récemment que j'ai dit la vérité à mes enfants et c'est pour eux que j'ai commencé à écrire. Grâce à mon mari j'ai pu apprendre à apprivoiser mon passé. Il a été la première personne qui connaissait la vérité sur ma maladie et qui ne m'a pas jugé. Au contraire il m'a aidé à assumer et je l'aime aussi pour cela

Presque tout ceux qui ont eu cette maladie ont vécu ce drame du "non dit" et presque tous l'ont mal vécu. Une ancienne du Roc des Fiz a écrit qu'elle devait parler à sa voisine que la fenêtre fermée. Tout comme elle, j'ai été humiliée par ces attitudes de rejet, tout comme elle je me suis sentie pertiférée et pourtant tout comme elle j'ai survécu à cette maladie

Pourtant grâce à cette maladie j'ai rencontré des gens qui ont façonné ma vie et 45 ans plus tard ils sont toujours dans mes pensées et ils font partie de moi à jamais.

25 avril 2016

Hommage à Christiane Maire -- notre mémère à nous tous

Je ne pouvais pas ouvrir un nouveau blog sans mettre à l'honneur notre chère et inoubliable Mémère ..

J'ai souvent écris que Mémère est celle qui nous reste en commun à toutes les époques ..

Elle a été plus qu'une infirmière pour nous

Tout ceux qui ont eu la chance de la rencontrer vous le diront "Mémère est inoubliable"

Son histoire .. sa vie .. tout a été fait pour qu'elle reste à jamais dans nos mémoires

Quand j'ai ouvert ce blog, je venais d'apprendre qu'il n'y avait plus beaucoup d'espoir pour elle, et je ne pouvais pas me résigner à la laisser partir sans dire au monde entier qui elle a été. Je suis toujours restée en contact avec elle et j'ai pu la revoir quelques mois avant qu'elle nous quitte ..

Elle a élevé des enfants des autres .. elle les a éduqué à devenir des hommes et des femmes responsables

Qui ne se rappelle pas de Mémère et sa moto et ses chants religieux ?

Qui ne ne rappelle pas de ses (presque) retards et de ses arrivées tonitruantes à la Ravoire pour prendre son service encore équipée de ses chaussures de montagne ?

Elle était crainte et surtout respectée. Avec elle pas question de se plaindre. Elle avait une manière toute particulière de nous faire passer les moments où nos familles nous manquaient

Elle savait quoi faire dans tous nos moments de doute et de pleurs mais aussi elle était notre complice et notre amie

Elle n'a jamais accepté que nous restions à nous apitoyer sur notre sort et elle n'avait pas son pareil pour régler les problèmes de nos crises d'ados

Nous étions "ses enfants" et sa manière montagnarde de nous bousculer nous a fait passer des moments inoubliables à la Ravoire. Elle nous a fait découvrir sa montagne .. la petite rivière et tous ces endroits merveilleux qu'elle connaissait par coeur

Pas question quand elle était là de faire passer la perfusion à toute vitesse .. et surtout avec elle il était impossible de faire éclater des veines pour éviter les perfusions durant plusieurs jours. Elle nous menait à la baguette mais nous l'aimions tous

Alors comment l'oublier ? Comment ne plus penser à elle et à ce qu'elle a été ?

Elle fait partie à jamais de nos souvenirs et elle restera vivante dans nos coeurs tant que nous penserons à elle

Chaque génération d'enfants hospitalisés à la Ravoire se souviennent de cette personne hors du commun entre le personnage rustre et dur et la personne d'amour et d'abnégation qu'elle a été

J'aurais tant voulu la revoir .. j'aurais tant voulu partager encore avec elle ma visite à la Ravoire

D'elle j'ai appris qu'il ne faut pas s'apitoyer sur son sort et que l'amour des autres doit toujours être plus fort que l'égoïsme facile

Même la fin de sa vie est un exemple .. elle n'a jamais eu peur de partir pour elle mais pour les autres .. ses enfants qu'elle allait laisser .. elle était encore tout sourire et elle respirait encore la joie de vivre alors qu'il ne lui rester que quelques semaines à vivre

Elle parlait de sa vie comme de sa mort avec détachement et humour. Elle devait souffrir de sa maladie mais elle n'en montrait rien

Elle pouvait rire de son prochain départ comme une étape obligatoire de sa vie. Même dans la maladie la plus horrible elle a gardé sa dignité et son sourire. Elle parlait de sa montagne avec amour, et le souvenir de ses promenades illuminait son magnifique visage d'une joie intense

Comment ne pas être encore plus respectueux devant une femme qui a toujours lutté plus pour les autres que pour elle ?

Elle restera à jamais dans ma vie

25 avril 2016

Assumer la tuberculose

Nous étions encore des enfants et nous avons du faire face à une horrible maladie et nous étions dans les années 70

En plus de vivre une maladie pas si simple il a aussi fallu que nous assumions notre hospitalisation en sanatorium loin de nos familles et de tout ce qui nous a construit mais aussi la honte que cette maladie engendrait

Certains n'ont pas eu à vivre avec cette culpabilité que nous a imposé nos proches, mais d'autres comme moi ont du apprendre à mentir sur notre maladie.

Quitter notre cocon familial a été une horreur car nous ne savions pas de quoi serait fait notre avenir. Cette maladie faisait peur car elle était encore mortelle.

L'hospitalisation est une chose mais la maladie ..........

Ma famille n'a pas pu admettre que je puisse avoir la même maladie que mon père, celle de la honte, car elle était signe de pauvreté et d'insalubrité

Des personnes célèbres ont aussi été atteint de cette maladie mais comme pour le cancer le "mot" n'était pas dit

J'ai du inventer une maladie sur rachitisme du à la croissance pour justifier mon hospitalisation et souvent je me pose la question de savoir si les gens m'ont cru.

Quand je suis rentrée à la Ravoire j'étais rachitique et quand je suis sortie j'étais bouffie par la cortisone ...

Jusqu'à récemment je ne pouvais pas parler de ma maladie car j'avais encore cette honte véhiculée par mes proches.

J'ai cru que les maladies comme le cancer et le Sida feraient disparaitre cette honte .. mais non et encore aujourd'hui il n'est pas facile de parler de cette maladie.

J'envie les gens qui ont eu une famille suffisamment intelligente pour ne pas faire porter ce poids sur mes épaules d'enfant .. j'envie tout ceux ou celles qui peuvent me dire qu'elles ont pu parler librement de leur maladie au cours de leur vie, car moi je n'ai pas pu. Les différents blogs que j'ai ouvert m'ont permis d'en parler et de faire partir cette honte.

Je n'ai plus honte d'avoir été malade ..

Je n'ai plus honte d'avoir été tuberculeuse ...

J'assume maintenant car cette maladie m'a apporté tellement de bonnes choses .. j'ai grandi grâce à elle, j'ai appris la tolérance envers les autres, j'ai appris ce que je suis

 

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25 avril 2016

Encore un vieux message de mon ancien blog

Quand j'ai ouvert ce blog ..

Je ne me doutais pas qu'il m'apporterait autant de joie

Au début je voulais poser mon histoire pour que mes enfants sachent qui était leur maman .. je ne pensais pas que je pourrais rencontrer d'autres personnes qui ont vécu la même histoire que moi

Je voulais aussi raconter ces souvenirs qui s'éloignent chaque jour pour que je puisse les retrouver quelque fois

Et puis Patrick a lu mon blog et il m'a écrit .. et ensemble et grâce à lui j'ai continué la recherche de mon passé

Quand Didier est venu nous rejoindre je ne croyais pas que je pouvais toucher des gens par ces écrits .. et puis tout s'est emballé très vite et maintenant ce blog et le forum (malheureusement en panne) ont généré près de 40 membres

Et que dire des trouvailles ou de nos rencontres .. là encore c'est Patrick que j'ai rencontré en premier. Nous ne nous connaissions pas mais notre passé commun nous a réuni

Ensuite Bleuette avec qui je suis partie à la Ravoire et maintenant Didier et Josiane et tant de contact par mail ou par téléphone

Ce blog est une richesse pour moi car je partage avec vous tous mes souvenirs et mon passé. Certes nous n'avons pas les mêmes histoires à raconter et les mêmes souvenirs à partager mais nous avons un lieu et une maladie en commun et cela nous rapproche tous ..

Alors nous avons perdu un forum mais il ne faut pas que ce blog tombe dans l'oubli et c'est pour cela que je vais encore et encore alimenté ma mémoire et un de la vôtre à vous tous ..

Merci à vous tous qui venez lire ce blog et partager mes souvenirs .. merci de vous souvenir de notre chère bâtisse et de notre passé commun ..

Merci aussi à tous ceux et toutes celles qui viennent lire sans se manifester .. ce lieu est le vôtre .. ces souvenirs sont les vôtres ..

Merci aussi à tous ceux qui m'encouragent à continuer mes délires et mes histoires .. Merci

25 avril 2016

Pourquoi cette volonté ...

ENQUETE CATASTROPHE PLATEAU D'ASSY INTERVIEW DOCTEUR COUVE PLUS INFIRMERIE

Sanatorium du Plateau d'Assy accident avril 1970

Je me suis souvent posée la question "Pourquoi cette volonté des autorités de nous forcer à oublier ?"

Je m'explique :

Le Roc des Fiz a été détruit il y a maintenant 46 ans et tout ce qui reste de cette catastrophe est une toute petite stèle que nous avons inauguré il y a 6 ans maintenant ..

71 (ou 72) morts dont la plupart des enfants fauchés dans leur sommeil et tout ce qu'il en reste c'est une ridicule pierre ..

Sur Facebook j'ai retrouvé des vidéos qui font vraiment peur .. cette catastrophe était prévisible et pourtant tout ce que l'on "offre" aux rescapés c'est une toute petite pierre ..

Ces enfants et ces personnes ne méritent ils pas le respect ? Ils ont été fauchés dans leur sommeil et leur seul crime était d'être malade de la tuberculose.

Regardez ces vidéos elles montrent que le sort de ces 72 personnes est volontairement occulté .. Le médecin du Roc des Fiz a profité de sa position de "frère de" pour ne pas être inquiété plus que cela ..

Je viens d'apprendre que les bâtiments encore debout de la Ravoire seront prochainement détruits .. et après il restera quoi de notre passé ?

Quand tout sera déblayé il ne restera plus rien de nous et de notre passé ..

 

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24 avril 2016

Ecrire à nouveau (déjà publié mais remis au gout du jour)

Ecrire à nouveau

J'ai un peu de temps actuellement. Ma vie professionnelle est en train de périr et je dois reprendre le gout de raconter la suite de mon histoire à la Ravoire

Cela a fait 45 ans que je suis rentrée et bientôt 44 ans que je suis sortie ..

Déjà 44 ans !!! Toute une vieJe me repenche sur ce passé car si je n'avais pas été à la Ravoire je ne sais pas si je serais devenue la femme que je suis

La maladie des autres ne m'aurait pas affecté car je sais la solitude qu'engendre la maladie .. je ne serais pas devenue combattante celle qui ne renonce pas

Avoir une sale maladie comme la tuberculose m'a donné très tôt le sentiment que rien n'est figé dans la vie et que tout peut basculer à la minute suivante. Rien n'est acquis non plus et tout peut être enlevé immédiatement.

Les certitudes - le sentiment d'être immortel - se réduisent à néant quand très jeune nous devons supporter une maladie aussi lourde

Ce qui me reste de cette maladie maintenant c'est mes souvenirs et surtout le regard effrayé des radiologues qui voient les radios de mes poumons pour la première fois. Car ma tuberculose se voit encore mais à condition d'aller fouiller au plus profond de moi

Ce passé est donc toujours là - invisible pour tous mais présent. Comme mes souvenirs qui sont encore là et bien là

Les siestes - les promenades - l'école - les perfusions - Maimaire - et toutes les infirmières qui ont veillé sur nous tous

Bien sûr quand j'étais à la Ravoire je ne savais pas que je passerais un an de ma vie à me fabriquer des souvenirs que j'exposerais 40 ans plus tard et pourtant

Je me rappelle les perfusions qui étaient censées me soigner et quand je vois les aiguilles d'aujourd'hui je comprends pourquoi j'ai encore des séquelles de ces monstres qui nous transperçaient les avants bras ..

Rester quelques heures tous les jours à ne pas bouger et à attendre que le produit passe ce n'est pas naturel pour une gamine de 14 ans qui a envie de bouger ou de faire autre chose. J'ai vécu ces moments comme une punition. Rester clouée au lit alors que les autres pouvaient bouger - aller à l'école - s'amuser - m'a donné un sentiment "pourquoi moi"

Et pourtant c'était moi qui était couchée à attendre - c'était moi qui supportait cette horreur et cette maladie. Nous étions tous malades mais égoïstement seuls devant cette saloperie qui aurait pu nous tuer et nous faire disparaître

C'était moi qui devait supporter la solitude de ne pas être avec ma famille et mes amis. C'était toujours moi qui devait comprendre ce qui m'arrivait et qui devait essayer de le gérer au mieux

Nous étions des enfants qui ont grandi trop vite durant une année et qui ont gardé ce souvenir enfoui. Et voilà que maintenant dans la dernière partie de nos vies ces souvenirs reviennent.

Je me suis rendue compte de la chance que j'avais d'avoir eu cette maladie que ces dernières années quand les souvenirs sont venus et revenus

24 avril 2016

Le jour du départ et celui des arrivées .. (déjà publié)

Le jour du départ (ou de l'arrivée)

Je ne savais encore pas que je quittais un endroit qui allait compter toute ma vie.

Comme le jour de mon arrivée j'étais triste et j'ai pleuré. C'était d'ailleurs le cas de la plupart d'entre nous.

Je me souviens d'une jeune fille qui le jour de son arrivée a fait un malaise tellement qu'elle a pleuré. Et elle a fait aussi un malaise le jour de son départ.

C'est vrai que le jour de notre arrivée nous étions tristes - triste de quitter notre famille - nos proches et surtout nous avions peur. Peur de la maladie bien sûr mais aussi de ce que nous allions vivre.

Pour la plupart c'était une première séparation d'avec les proches

C'est vrai que les jours de tristesse à la Ravoire étaient ponctués par les départs et par les arrivées.

Mais à l'arrivée la tristesse partait bien vite. Il fallait bien se consoler et accepter ce que nous pensions être une prison.

Il fallait tout apprendre - les règles de vie - la discipline - les horaires - le groupe.

Mais quand j'ai quitté la Ravoire j'ai du réapprendre à vivre avec ma famille. Son histoire avait terriblement changé et j'ai eu le sentiment de ne plus faire partie de cette famille.

Ma sœur venait de se marier et j'ai du aller vivre avec elle en Alsace alors que moi tout ce que j'aurais voulu c'était reprendre ma vie là où je l'avais laissé - dans le sud !

Il a fallu que j'apprendre le caractère des alsaciens - le climat et qu'encore une fois je me refasse des potes - facile vous me direz quand on a 15 ans.

Le plus dur a été d'expliquer ma situation ; mon accent du sud avec un dossier scolaire de Haute Savoie. Comment expliquer cela en évitant de parler de ma maladie. Mes parents ont du expliquer aux profs pourquoi certaines fois je serais fatiguée, que je ne pourrais pas faire de sport comme tout le monde et pourquoi je ressemblais encore à un marshmallow à cause de la cortisone qui circulait encore dans mon corps et que je continuais à prendre

Ah oui parce qu'il faut dire que j'ai du continuer mon traitement médical à la maison. J'ai emporté le rimifon en Alsace durant 6 mois .. et si ce n'était que lui !!!

Bref pour moi le retour à la réalité n'a pas été vraiment une partie de plaisir.

Et surtout j'ai du quitter mes amies de la Ravoire et surtout Kate. Et j'avoue que cette séparation brusque a été vraiment un traumatisme

Je n'avais pas envie en plus d'aller vivre chez ma sœur mais c'était les ordres des médecins je ne devais pas être en contact avec mon père - la source de ma contagion - aussi longtemps qu'il n'était pas en rémission ..

Mon père était la tuberculose ambulante. Il a du faire au moins une vingtaine de rechutes et à la fin de sa vie la tuberculose était tellement contagieuse qu'il était dans un service spécial

De vivre chez ma sœur était une seconde punition. Je n'étais pas avec mes parents et ma famille avait changé. un étranger avait pris ma soeur et l'avais emmené vivre dans un autre pays

Parce que pour moi l’Alsace c'était l’Allemagne. Le plus dur à accepter en Alsace était le dialecte - rien n'à voir avec celui chantant des gens du sud. Une langue rude et dure comme sera le premier hiver que j'y ai passé

Je détestait tout - les gens comme le paysage haut en couleurs mais sans la moindre odeur.

Plus d'odeur de thym et de ciboulette et de toutes les odeurs qui sont la force du sud. Même la Haute Savoie avait plus d'odeur que ces paysages de forêts et de verdure

Quand je rentre dans le sud j'ouvre le plus grand possible mes poumons et je respire toutes ces odeurs qui me manquent tellement

Les premiers temps ont été une vraie torture pour moi mais je me suis fait rapidement des potes à nouveau et j'ai fini par aimer l'Alsace

Et la Ravoire est restée dans mon cœur enfouie durant des années ....

 

ravoire0005v

24 avril 2016

Brigitte

BRIGITTEOh ma Brigitte

Comme j'ai été heureuse hier d'entendre ta voix .. de te retrouver enfin après 44 longues années sans nouvelle l'une de l'autre. je t'ai cherché, et j'ai fini par te trouver en embêtant tes amies de facebook .. je ne remercierais jamais assez ta merveilleuse fille pour son aide

Et ces souvenirs qui sont remontés en vrac .. tu as été mon pire cauchemar à la Ravoire mais aussi ma plus fidèle amie.

Combien de bagarres entre nous .. combien de bétises faites en commun.

Nous ne pouvions pas nous passer l'une de l'autre. Nous étions toujours séparées mais toujours cote à cote, toujours fachée pour des prétextes bidons mais toujours ensemble, dans la même chambre, à faire les 400 coups ensemble.

Dès qu'il y avait une bétise, notre "couple" en était.

Notre conversation d'hier a fait remonter les fois où nous faisions le guet pour Claire et Yannick, les parties de ballons prisonnier avec les garçons, notre chambre toujours en état de guerre permanente ..

Nous avons passé la Ravoire ensemble, tu es celle que je voulais retrouver, celle qui incarne ce passé. Et voilà je t'ai retrouvé .. tu fais partie à nouveau de ma vie, et il me tarde de te revoir, ce qui se fera en Aout.

Grâce à toi j'ai de nouveau envie d'écrire notre histoire. J'ai cru que tout cela était dépassé, maintenant que la Ravoire sera détruite, mais non, j'ai encore des choses à dire, des tranches de notre vie commune à raconter.

C'est l'histoire d'enfants malades séparés de leur famille qui ont recréé le temps d'une hospitalisation un monde meilleur ..

 

PS .. en me relisant je me suis aperçue que je n'avais pas raconté l'histoire de cette "punition" .. notre chambre était encore dans un désordre innommable et nous avons ENCORE été punies de télévision ..

 

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