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La Ravoire - Sanatorium
24 avril 2016

Ecrire à nouveau (déjà publié mais remis au gout du jour)

Ecrire à nouveau

J'ai un peu de temps actuellement. Ma vie professionnelle est en train de périr et je dois reprendre le gout de raconter la suite de mon histoire à la Ravoire

Cela a fait 45 ans que je suis rentrée et bientôt 44 ans que je suis sortie ..

Déjà 44 ans !!! Toute une vieJe me repenche sur ce passé car si je n'avais pas été à la Ravoire je ne sais pas si je serais devenue la femme que je suis

La maladie des autres ne m'aurait pas affecté car je sais la solitude qu'engendre la maladie .. je ne serais pas devenue combattante celle qui ne renonce pas

Avoir une sale maladie comme la tuberculose m'a donné très tôt le sentiment que rien n'est figé dans la vie et que tout peut basculer à la minute suivante. Rien n'est acquis non plus et tout peut être enlevé immédiatement.

Les certitudes - le sentiment d'être immortel - se réduisent à néant quand très jeune nous devons supporter une maladie aussi lourde

Ce qui me reste de cette maladie maintenant c'est mes souvenirs et surtout le regard effrayé des radiologues qui voient les radios de mes poumons pour la première fois. Car ma tuberculose se voit encore mais à condition d'aller fouiller au plus profond de moi

Ce passé est donc toujours là - invisible pour tous mais présent. Comme mes souvenirs qui sont encore là et bien là

Les siestes - les promenades - l'école - les perfusions - Maimaire - et toutes les infirmières qui ont veillé sur nous tous

Bien sûr quand j'étais à la Ravoire je ne savais pas que je passerais un an de ma vie à me fabriquer des souvenirs que j'exposerais 40 ans plus tard et pourtant

Je me rappelle les perfusions qui étaient censées me soigner et quand je vois les aiguilles d'aujourd'hui je comprends pourquoi j'ai encore des séquelles de ces monstres qui nous transperçaient les avants bras ..

Rester quelques heures tous les jours à ne pas bouger et à attendre que le produit passe ce n'est pas naturel pour une gamine de 14 ans qui a envie de bouger ou de faire autre chose. J'ai vécu ces moments comme une punition. Rester clouée au lit alors que les autres pouvaient bouger - aller à l'école - s'amuser - m'a donné un sentiment "pourquoi moi"

Et pourtant c'était moi qui était couchée à attendre - c'était moi qui supportait cette horreur et cette maladie. Nous étions tous malades mais égoïstement seuls devant cette saloperie qui aurait pu nous tuer et nous faire disparaître

C'était moi qui devait supporter la solitude de ne pas être avec ma famille et mes amis. C'était toujours moi qui devait comprendre ce qui m'arrivait et qui devait essayer de le gérer au mieux

Nous étions des enfants qui ont grandi trop vite durant une année et qui ont gardé ce souvenir enfoui. Et voilà que maintenant dans la dernière partie de nos vies ces souvenirs reviennent.

Je me suis rendue compte de la chance que j'avais d'avoir eu cette maladie que ces dernières années quand les souvenirs sont venus et revenus

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